UN ESPRIT LIBRE : PIERRE LE VIGAN

Publié le par David L'Epée

Le-Vigan.jpg« Je suis né en 1956. J’ai été élevé dans un milieu plutôt populaire, je suis issu d’une famille dans laquelle on trouve essentiellement des ouvriers d’un coté, des paysans éleveurs de chèvres et brebis de l’autre, des gens pauvres, avec un grand respect de l’école mais n’ayant pas pu beaucoup en profiter. Il est assez étonnant que des personnes ayant quitté les bancs de l’école à 11 ou 14 ans écrivent soixante ans plus tard sans fautes d’orthographe ni de grammaire. Effectivement, on ne leur expliquait pas que le ballon de foot était un "référentiel bondissant". Je suis donc issu d’une famille du peuple de France, avec ses limites sans doute mais aussi avec sa grandeur. Je viens du peuple et je suis en quelque sorte un fils du peuple. Les choses ont changé pour les gens du peuple. Dans les années soixante, travailler permettait d’acquérir progressivement des sécurités matérielles y compris pour des gens d’origine très modeste, très démunis au départ. C’est certainement beaucoup moins le cas, c’est ce que l’on appelle la fin de l’ascenseur social et c’est un des éléments majeurs de la crise de notre société.


J’ai fait des études de sciences économiques, d’urbanisme et une licence d’histoire. Je me suis tôt intéressé aux idées politiques et j’ai lu un peu de tout, à droite, à gauche, un peu Marx, un peu Proudhon, Barrès, Drieu la Rochelle, les non-conformistes des années trente (Robert Francis, Jean-Pierre Maxence, Emmanuel Mounier, …), etc. J’ai toujours eu une certaine curiosité intellectuelle et ce dans des domaines assez variés. Bien entendu on rencontre vite une limite, outre les limites intellectuelles qui sont les miennes et celles de chacun, et cette limite, c’est celle du temps. A un moment donné il faut choisir entre approfondir ou élargir. Je crois toutefois que si on perd une vue d’ensemble, on perd l’essentiel : les érudits, les trop pointus me paraissent des esprits vains. Il faut approfondir donc, mais garder un point de vue général et généalogique sur les choses. Je crois que dans le domaine intellectuel il y a une chose assez simple à comprendre : les gens ennuyeux ne sont pas profonds, ils sont ennuyeux parce qu’ils sont obscurs, et ils sont obscurs parce qu’ils sont troubles et parce qu’ils sont faux. Ce qui est vrai est clair et ce qui est vrai se dit avec beauté. Si cela ne peut se dire avec beauté c’est que c’est faux. J’ajoute que dans la beauté il y a toujours de la force. Une beauté sans force est de la minauderie.


Compte tenu de ma curiosité, de mon esprit de curiosité, j’ai assez tôt été réticent face aux idées toutes faites, aux conceptions simples de l’histoire, avec des bons et des méchants bien définis, conceptions qui me sont apparues fausses ou pour être plus exact qui me sont apparues le fruit de circonstances historiques. Cela m’a amené à écrire dans diverses revues non-conformistes ni de droite ni de gauche, ou les deux. [...] Par ailleurs j’ai collaboré à Jeune Garde Solidariste, journal assez bien fait dirigé par Jean-Gilles Malliarakis, puis à Jeune Nation Solidariste qui en prenait la suite, et émanait du Mouvement Nationaliste Révolutionnaire dans les années 1979-82. J’ai ensuite collaboré à la revue Troisième Voie à partir des années 1985, qui était l’organe du mouvement du même nom, puis à Révolution européenne. A partir des années 1986, j’ai proposé quelques articles à la revue Eléments et à Nouvelle Ecole, articles qui ont eu le bonheur d’être acceptés et je me suis progressivement rapproché de cette école de pensée, à mesure d’ailleurs que la "Nouvelle Droite" devenait de plus en plus antilibérale, post-darwinienne et anti-américaine au. Ultérieurement j’ai aussi collaboré à Krisis. Dans le même temps j’ai eu des amis de toutes idées politiques, sauf des libéraux et des gens de la droite conservatrice classique qui m’apparaissaient vite ennuyeux et/ou antipathiques. »


L’Esprit Européen
, 27 janvier 2008

Publié dans esprits libres

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P
c'est une reprise sympathique de ce texte qui me présente cordialement plv
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