NI SOVIETISME NI LIBERALISME : LE MODELE CHINOIS
CHINE – « Le "capitalisme" chinois est très contrôlé par l’Etat. Le pouvoir est désireux d’instaurer une économie de marché mais ne veut pas voir se développer une classe capitaliste. Le terme même de capitaliste demeure tabou. Le discours du pouvoir encense les entrepreneurs mais refuse l’idée d’une bourgeoisie. [...] Les entrepreneurs sont utiles mais à condition d’être sous contrôle. [...] Les entrepreneurs ne peuvent fonctionner sans la proximité avec l’Etat central ou local. [...] Cela ne signifie pas que [le pouvoir] élimine toute influence des entrepreneurs. Leur opinion, à titre de conseil, peut être prise en compte, dans une logique communiste classique de front uni. [...] En Chine même un consensus existe bel et bien entre les vues de la classe politique et celle des entrepreneurs : les objectifs visés sont la croissance et la stabilité sociale. [...] Il est intéressant de constater le rôle déterminant de l’Etat dans ce processus. Contrairement à ce qu’affirment les théoriciens anglo-saxons, l’intervention de l’Etat n’est pas, en elle-même, un facteur d’échec. Rien ne sert de la condamner d’un point de vue théorique. Ce genre d’intervention a joué un rôle important dans la modernisation de pays tels que la France, l’Allemagne ou le Japon. Pour l’heure, elle se révèle efficace dans le processus de la modernisation chinoise. »
Marie-Claire Bergère, historienne, auteur de "Capitalisme et capitalistes en Chine" (Perrin Asie, 2007), Le Temps, 7 janvier 2008